Pleins feux sur les assureurs canadiens : Un ensemble unique de défis et d’occasions

 

Intérêts composés – Troisième numéro

2 mai 2024

Voici le troisième numéro d’Intérêts composés, qui présente le point de vue de Mercer sur les marchés financiers, la gestion d’actifs et la manière dont vous pouvez tirer le maximum de vos portefeuilles de placements.

Dans ce numéro, nous nous attardons aux portefeuilles du secteur de l’assurance, ainsi qu’aux défis et occasions propres aux assureurs canadiens. Nous exposons en quoi les perspectives et les priorités des assureurs canadiens peuvent différer de celles de leurs pairs à l’échelle mondiale.

Les assureurs ont terminé l’année 2023 dans une situation très différente de celle dans laquelle ils l’avaient commencée. L’économie canadienne, tout comme la plupart des économies mondiales, a évité la récession. L’année a toutefois été difficile pour les investisseurs en raison de la volatilité sur les marchés, de l’incertitude entourant les taux d’intérêt et de l’inflation persistante. L’année s’est révélée particulièrement ardue pour les assureurs, qui comptent sur les titres à revenu fixe, et les avantages en matière de génération de revenu et de préservation du capital qu’ils procurent, pour répondre à leurs obligations et créer de la valeur. 

Afin de prendre le pouls des investisseurs dans ce secteur, Mercer, en collaboration avec sa société sœur Oliver Wyman, a sondé les investisseurs sur les thèmes clés qui guideront à l’avenir leurs décisions de placement. Si les résultats mondiaux sont fascinants, certaines différences uniques distinguent les répondants canadiens des autres répondants. Parmi les 88 participants mondiaux, 12 réponses  provenaient du Canada 1. Dans le présent numéro d’Intérêts composés, nous nous concentrons sur certains des constats les plus pertinents pour les assureurs canadiens.

1. Les nouvelles exigences réglementaires apporteront de nouveaux défis 

Dans le cadre de l’enquête, 58 % des répondants canadiens ont cité les exigences accrues de la réglementation comme un grand défi, un résultat bien plus élevé que chez l’ensemble des répondants à l’échelle mondiale (24 %). Par ailleurs, bien que cela n’ait pas été explicitement mentionné dans l’enquête, les assureurs canadiens ont indiqué que les cadres réglementaires existants (par exemple, la récente mise en œuvre de la norme IFRS 17) et les exigences réglementaires à venir, notamment la production de rapports sur la gestion des risques climatiques, constituent un défi et un fardeau continuels pour les assureurs canadiens2.

Qu’en est-il pour l’avenir? Après une année de recherche stratégique de liquidités, les assureurs se concentrent désormais sur la réaffectation des liquidités pour soutenir leurs objectifs principaux. Pour y parvenir, de nombreux assureurs prévoient réduire leurs liquidités et investir dans des titres à revenu fixe de sociétés ouvertes et dans la dette privée.

Les assureurs canadiens ont des liquidités et veulent les déployer. Un pourcentage de 67 % des assureurs canadiens (contre 33 % de l’ensemble des assureurs) ont déclaré s’attendre à ce que le risque global de leur portefeuille augmente au cours des 12 prochains mois. De plus, 50 % des assureurs canadiens (contre 38 % de l’ensemble des assureurs) ont indiqué s’attendre à ce que le niveau global de liquidité diminue au cours des 12 prochains mois3.    

2. Un passage aux marchés privés motivé par des facteurs propres au Canada

Dans le contexte économique canadien actuel, la catégorie d’actif que constitue le crédit privé présente de nombreuses occasions pour les investisseurs en assurance. Le crédit privé pourrait potentiellement produire des rendements comparables à ceux des actions, mais sans la volatilité qui accompagne normalement les actions.

Ainsi, il n’est pas étonnant que les assureurs canadiens prévoient investir davantage sur les marchés privés (50 % des répondants canadiens, contre 39 % de l’ensemble des répondants). De plus, le peu d’occasions en matière de titres à revenu fixe à l’échelle nationale, conjugué aux contraintes réglementaires, limite les possibilités de répartition stratégique de l’actif pour les assureurs canadiens (58 % des répondants canadiens contre 30 % de l’ensemble des répondants). Compte tenu des occasions limitées dont ils disposent et de l’avantage sur le plan des charges de capital qui s’offre à eux, il n’est pas surprenant que les assureurs canadiens se tournent vers les marchés privés4.

Or, l’univers du crédit privé, où les conditions de liquidité et les frais varient d’une occasion à l’autre, peut s’avérer complexe. Par exemple, les frais élevés associés aux marchés privés sont une importante préoccupation pour les assureurs. En effet, 70 % des assureurs canadiens ont déclaré qu’il s’agissait d’une préoccupation, contre 58 % de l’ensemble des assureurs5. Faire appel à un conseiller tiers pouvant recommander des pratiques exemplaires pour le déploiement de capitaux sur les marchés privés, gérer le fardeau administratif et négocier les frais peut permettre aux assureurs de tirer parti des occasions associées au crédit privé tout en continuant à se concentrer sur leurs activités principales. 

3. Durabilité – établissement d’une cible de carboneutralité

Les investisseurs institutionnels canadiens prennent au sérieux la durabilité environnementale. Parmi les assureurs canadiens, 80 % déclarent avoir une cible de carboneutralité pour leur portefeuille. Ce résultat est nettement supérieur à celui obtenu auprès de leurs homologues aux États-Unis (14 %), en Europe (38 %) et au Royaume-Uni
(50 %)6.

Le nombre d’assureurs qui se fixent des cibles de carboneutralité ne fera probablement qu’augmenter. Cependant, de nombreux assureurs, en particulier les petits et moyens assureurs, disposent d’une expertise ou de ressources internes limitées pour préparer leur transition vers la carboneutralité. Il s’agit d’un domaine complexe qui englobe notamment la mise en place d’une politique, le suivi des résultats et la production de rapports et qui est marqué par un manque de données normalisées et complètes de la part du secteur de la gestion d’actifs et des placements. Il est possible que les dirigeants et les parties prenantes d’une organisation voient la nécessité d’une telle démarche, mais que l’équipe de gestion des placements n’ait pas les connaissances spécialisées requises pour l’entreprendre, en particulier sur un marché comme le Canada, où l’économie repose grandement sur l’énergie.

Les conseillers en placements en assurance de Mercer sont là pour aider votre organisation à optimiser son portefeuille, à profiter des plus récentes occasions de placement et à planifier sa transition vers la carboneutralité. Communiquez avec nous dès aujourd’hui.  

Les marchés financiers d’aujourd’hui

Après avoir terminé l’année 2023 en force, les marchés boursiers mondiaux ont poursuivi leur tendance à la hausse en 2024, les principaux indices comme l’indice MSCI Monde ayant augmenté de 11,7 % au premier trimestre. Les marchés obligataires ont toutefois enregistré des résultats plus variables alors que les investisseurs ont réévalué leurs attentes par rapport à une réduction anticipée des taux d’intérêt. Les banques centrales semblent indiquer une politique monétaire plus souple, mais une croissance et une inflation inattendues, en particulier aux États-Unis, pourraient retarder la réduction des taux dans certaines régions.

Au Canada, l’inflation a montré des signes encourageants au cours du trimestre, l’inflation globale ayant baissé à 2,9 % en janvier7. Il s’agit du deuxième mois depuis 2021 où l’inflation se situe à l’intérieur de la fourchette cible de la Banque du Canada, qui est de 1 % à 3 %.

Qu’est-ce qui a stimulé les marchés d’actions malgré la perspective de taux plus élevés pendant plus longtemps? L’enthousiasme pour l’intelligence artificielle (IA) y est pour quelque chose, comme en témoignent les évaluations des entreprises qui devraient profiter des avancées en IA. 

Alors que les répercussions à long terme de l’IA sur la productivité, le marché du travail et les bénéfices des sociétés au sein de l’économie globale font encore l’objet de débats, Mercer s’intéresse naturellement à la manière dont l’IA pourrait transformer le secteur de la gestion de placements. Nous avons mené une enquête auprès des gestionnaires de notre Base de données mondiale sur les gestionnaires de placements (GIMDMC). L’enquête a révélé que l’IA est largement utilisée dans les stratégies de placement et dans la recherche, bien au-delà des approches quantitatives traditionnelles. Neuf gestionnaires sur dix utilisent actuellement l’IA (54 %) ou prévoient l’utiliser (37 %) dans leurs stratégies de placement ou leurs recherches sur les catégories d’actif.

Si notre enquête soulève des questions quant à la définition de l’IA, nous avons également constaté que l’importance des gestionnaires de portefeuille en chair et en os n’est pas en voie de devenir obsolète. Plus de la moitié des équipes de gestion des placements ayant intégré l’IA ont souligné que l’analyse à l’aide de l’IA guide plutôt qu’elle ne détermine les décisions de placement définitives. De plus, un cinquième des équipes a déclaré que l’IA propose des décisions de placement, qui peuvent encore être annulées par les gestionnaires humains.

Il est important, toutefois, de reconnaître les dangers potentiels associés à l’IA dans le contexte des placements. Selon le Rapport sur les risques mondiaux 2024 du Forum économique mondial, la mésinformation et la désinformation seraient les plus importants risques mondiaux attendus pour les deux prochaines années. Ces risques, qui renvoient à la diffusion d’information fausse ou inexacte, sont complexes et difficiles à évaluer dans le contexte des placements. L’intégration de l’IA dans le processus de gestion des placements ajoute à la complexité de ces risques. Mercer travaille activement avec les gestionnaires de placements pour analyser et comprendre les risques de mésinformation et de désinformation dans les portefeuilles. Nous avons hâte de vous faire part de nos conclusions au cours des prochains mois.

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