Les régimes de retraite PD en meilleure posture financière à l’aube de 2023 qu’au début de 2022 : Mercer
le 3 janvier 2023
Canada, Montréal
Malgré la forte volatilité et les baisses du marché observées en 2022, l’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite, qui mesure le degré de solvabilité médian des régimes de retraite PD figurant dans la base de données des régimes de retraite de Mercer, est passé de 103 % au début de 2022 à 108 % au 30 septembre 2022, pour venir s’établir à 113 % à la fin de l’année.
L’amélioration de la situation est principalement attribuable aux hausses importantes des taux d’intérêt en 2022. Les taux d’intérêt plus élevés ont entraîné une diminution du passif des régimes de retraite PD, ce qui a plus que compensé la baisse de l’actif des régimes au cours de l’exercice.
À la fin de 2022, on estime que 79 % des régimes dans la base de données des régimes de retraite de Mercer présentent un excédent d’actif selon l’approche de solvabilité (contre 61 % à la fin de 2021). On estime également que 12 % des régimes montrent un degré de solvabilité entre 90 % et 100 % (contre 27 % à la fin de 2021), que 4 % des régimes obtiennent un degré de solvabilité entre 80 % et 90 % (contre 7 % à la fin de 2021) et que 5 % des régimes obtiennent un degré de solvabilité inférieur à 80 % (même pourcentage qu’à la fin de 2021).
Ce que de nombreux intervenants sur le marché chercheront à savoir, c’est ce que 2023 nous réserve, comme bon nombre des risques et des problèmes qui ont causé la volatilité en 2022 sont toujours présents.
Le conflit en Ukraine prendra-t-il fin? Quelles conséquences le conflit aura-t-il sur les politiques européennes en matière de sécurité et d’énergie, et comment cela se traduira-t-il dans l’économie mondiale?
L’inflation commencera-t-elle à baisser, permettant ainsi aux banques centrales de suspendre (ou d’assouplir) leur resserrement quantitatif et monétaire? À titre de rappel, la Banque du Canada a augmenté son taux directeur sept fois en 2022, le faisant passer de 0,25 % au début de l’année à 4,25 % à la fin de l’année.
Les perturbations des chaînes d’approvisionnement, d’abord causées par la pandémie de COVID-19, puis par le conflit en Ukraine et la décision de pays et d’entreprises de réorienter leurs chaînes d’approvisionnement mondiales vers des pays plus proches et plus sûrs, seront-elles résolues? Quelle sera l’incidence de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation et d’une éventuelle récession sur les dépenses des gouvernements, des sociétés et des ménages? Les sociétés et les ménages réduiront-ils leurs dépenses et leurs investissements en prévision d’une récession, exacerbant du même coup les risques de récession?
Quelles que soient les réponses aux questions ci-dessus, l’inflation continuera de présenter un risque pour les employés, les employeurs et les promoteurs de régimes en 2023 (et par la suite). Les employeurs devront gérer les attentes de leurs employés sur le plan des augmentations de salaire en fonction de leur capacité à offrir des augmentations de salaire qui tiennent compte de l’inflation réelle, et ils devront le faire dans un marché du travail hautement concurrentiel, tout en composant avec une hausse des coûts d’emprunt et une éventuelle récession. Pour réussir, les employeurs auront besoin d’une stratégie et de données fiables sur le marché afin de prendre des décisions éclairées en matière de rémunération.
Pour les promoteurs de régimes de retraite fin de carrière ou de régimes de retraite indexés, les conséquences de l’inflation élevée déjà réalisée pourraient être importantes. Compte tenu de la possibilité que l’inflation demeure élevée, même si ce n’est qu’à court ou à moyen terme, ces régimes pourraient être exposés à d’importants risques pour leurs passifs liés à l’inflation pouvant ne pas être immédiatement apparents pour le promoteur du régime et les autres intervenants.
Pour ce qui est des promoteurs de régimes non indexés, ils pourraient faire face à des demandes croissantes de la part de groupes de retraités en faveur d’un rajustement ponctuel des rentes en fonction de l’augmentation du coût de la vie. Les promoteurs de régimes à taux de rente fixe ou de régimes salaires de carrière peuvent s’attendre à subir des pressions pour augmenter le taux d’accumulation de la rente et mettre à jour la base salariale. Ces demandes et ces pressions pourraient être plus énergiques dans le cas des régimes présentant des excédents d’actifs.
Du côté des promoteurs de régimes comportant maintenant un excédent, il faudra discuter de l’utilisation stratégique et des répercussions de cet excédent et comprendre les répercussions pour les participants et le promoteur de régime. Devrait-on revoir la répartition de l’actif pour assurer un meilleur appariement de l’actif et du passif, afin de préserver l’excédent et de réduire la volatilité future de la situation financière du régime? Et comment le portefeuille d’appariement du passif devrait-il être structuré? Les marges devraient-elles être augmentées pour offrir une protection plus solide contre les expériences défavorables à l’avenir et accroître la sécurité des prestations? Il faudra aussi considérer les demandes d’amélioration des prestations (p. ex., rajustements ponctuels des prestations de retraite versées, augmentation des taux de rente fixes ou mise à jour de la base salariale des régimes salaires de carrière) et les congés de cotisations (en totalité ou en partie) pour le promoteur ou les participants.
Dans le cas des régimes à cotisations déterminées (CD), des REER collectifs, des CELI collectifs et des autres régimes d’accumulation de capital, contrairement aux dernières années, 2022 aura été une année où la majorité des participants auront enregistré des rendements négatifs dans leurs comptes. Cette situation pourrait avoir une incidence sur les décisions en matière de retraite des participants approchant de la retraite (surtout dans le récent contexte de forte inflation), ce qui pourrait avoir des répercussions sur les plans de gestion de la main-d’œuvre des employeurs. Cela met en lumière l’importance de mettre en place de bons programmes d’éducation sur les placements et de mieux-être financier à l’intention des participants – pour les aider, les informer, les guider et leur fournir des outils pour qu’ils soient mieux à même de gérer leur épargne-retraite, leurs autres types d’épargne et leurs dettes. Cela montre aussi l’importance de la conception des régimes, de la gamme de fonds offerts, des services de tenue de dossiers et des frais, ainsi que la nécessité de soumettre ces éléments à des examens périodiques et de les revoir au besoin pour que le régime permette aux participants et au promoteur d’atteindre leurs objectifs. Alors que l’univers des placements et des régimes d’accumulation de capital évolue, tout bon programme de gouvernance devrait prévoir des examens réguliers des régimes CD et d’épargne du promoteur.
« Compte tenu de l’inflation élevée, des vents de face sur les marchés financiers et des tensions géopolitiques qui persistent, l’année 2023 pourrait se révéler aussi volatile que 2022, » soutient F. Hubert Tremblay. « Les promoteurs de régimes devraient s’assurer qu’ils comprennent les risques auxquels leurs régimes sont exposés et qu’ils sont en mesure d’y faire face, sans quoi ils devraient prendre des mesures dès maintenant pour gérer ces risques. »
Du point de vue des placements
Tous les marchés développés affichaient des rendements positifs à la fin du trimestre, les actions ayant connu une remontée après leurs creux de septembre. En novembre, les données sur l’inflation plus favorables que prévu aux États-Unis ont donné lieu à un solide rendement des actions, contrairement à octobre, où le rendement du marché a été alimenté davantage par la résilience des bénéfices que par l’espoir d’un sursis monétaire. La reprise des cours a été encore plus marquée à l’extérieur des États-Unis, l’indice MSCI EAEO affichant des rendements supérieurs à 10 % (en dollars canadiens) attribuables à la dépréciation relative du dollar canadien. Les taux obligataires ont fléchi au début du trimestre dans la plupart des grandes régions, car les investisseurs ont tenu compte du ralentissement du resserrement monétaire, mais ils ont terminé l’année de façon inégale. Au cours du trimestre, les actions des marchés émergents ont enregistré un rendement supérieur aux actions canadiennes et américaines en raison de la réduction, puis de l’abandon, des restrictions liées à la COVID-19 en Chine. Les produits de base ont obtenu des résultats mitigés au cours du dernier trimestre de l’année, mais l’indice a fini le trimestre en territoire positif, stimulé par les prix de l’énergie. Les FPI ont inscrit des gains, alors que la faiblesse du marché de l’habitation a continué de poser problème en raison des taux hypothécaires élevés. Du point de vue du style, le rendement des titres de croissance a été supérieur à celui des titres de valeur au Canada, mais ces derniers ont surpassé les titres de croissance dans d’autres marchés développés, les secteurs axés sur la valeur ayant surpassé le secteur de la technologie, qui connaît toujours une faiblesse relative.
Au cours du trimestre, le Canada a enregistré un rendement inférieur à celui de ses homologues mondiaux. Contrairement à ce qui s’est produit dans les autres marchés développés, le secteur des technologies de l’information est celui qui a obtenu le meilleur rendement au Canada, tandis que les secteurs des soins de santé et des services publics ont connu des baisses. Dans le secteur de l’immobilier, la croissance du capital pour l’ensemble de l’indice au cours du trimestre et des deux dernières années est principalement attribuable aux immeubles industriels, le taux national d’inoccupation du secteur demeurant à un creux historique inférieur à 1,5 %. La conjoncture a amené certains fonds à s’exposer davantage au secteur industriel que ce qu’ils font normalement, la pondération allant maintenant de 35 % à 50 % dans certains fonds. La devise canadienne s’est appréciée par rapport au dollar américain au cours du trimestre.
Les prix des obligations canadiennes ont été mitigés en raison de la baisse des taux au début du trimestre, les investisseurs ayant pris en compte le ralentissement du resserrement monétaire. Les taux ont augmenté en décembre, ce qui a entraîné des rendements obligataires différents pour les investisseurs canadiens, les obligations à long terme affichant des rendements négatifs. Le taux des obligations universelles a augmenté de 13 points de base, alors que celui des obligations à long terme a augmenté de 15 points de base. Le rendement des obligations de sociétés s’est avéré supérieur à celui des obligations universelles et des obligations à long terme au cours de la période. Les taux à moyen terme sont restés inférieurs aux taux à court et à long terme.
« À la suite du cycle de resserrement monétaire le plus rapide en 20 ans, l’inflation devrait retomber, mais rester élevée par rapport aux cibles des banques centrales en 2023, permettant ainsi aux banques centrales de suspendre le resserrement, puis d’y mettre fin d’ici le milieu de 2023. La décision des banques centrales d’aller un peu plus loin et d’adopter une politique monétaire plus souple ou non aura une grande incidence sur la confiance sur les marchés en 2023 », estime Jean-Pierre Talon, membre du partenariat, Mercer Canada. « Malgré l’amélioration des valorisations boursières en 2022, les investisseurs devraient rester vigilants jusqu’à ce qu’il soit démontré de manière plus certaine que les facteurs d’inflation persistante répondent au nouvel environnement économique. »
La Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont toutes deux relevé à deux reprises leur taux d’intérêt cible au cours du trimestre, mais selon des pourcentages différents. La Banque du Canada a relevé le taux d’intérêt de 50 points de base en octobre et en décembre. La Réserve fédérale américaine a relevé le taux d’intérêt de 75 et de 50 points de base en novembre et en décembre. La Réserve fédérale et la Banque du Canada ont toutes deux réaffirmé leur engagement à contrôler l’inflation, mais ont reconnu que l’inflation semblait diminuer.
Indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite
L’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite suit le degré de solvabilité médian des régimes de retraite qui figurent dans la base de données des régimes de retraite de Mercer, soit une base de données qui comprend des renseignements financiers, démographiques et autres sur les régimes de retraite des clients de Mercer au Canada. La base de données contient des renseignements sur près de 500 régimes de retraite au Canada, dans tous les secteurs d’activité, notamment les secteurs public, privé et celui des organismes sans but lucratif. Les renseignements sur chaque régime de retraite figurant dans la base de données sont mis à jour chaque fois qu’une nouvelle évaluation actuarielle de la capitalisation est effectuée au titre du régime.
Des prévisions de la situation financière de chaque régime sont établies en fonction de sa plus récente date d’évaluation, ce qui reflète l’accumulation estimative des prestations par les participants actifs, les paiements estimatifs de prestations aux retraités et aux bénéficiaires, une provision pour intérêts, une estimation de l’incidence des changements de taux d’intérêt, des estimations des cotisations de l’employeur et de l’employé (le cas échéant) et des rendements prévus des placements en fonction de la composition des placements visée, en présumant que la composition cible pour chaque régime demeure la même au cours de la période de projection. Les rendements des placements utilisés dans les projections sont fondés sur les rendements indiciels des catégories d’actif spécifiées comme catégories d’actif cibles des régimes individuels (ou qui s’en rapprochent étroitement).