Comment les fonds de dotation et les fondations peuvent gérer l’inflation
Dans un contexte d’incertitude persistante à l’égard de l’inflation, quelles solutions les investisseurs peuvent-ils utiliser pour améliorer le rendement? Il existe une solution potentiellement très efficace qui est aussi celle que l’on néglige le plus souvent : la diversification.
Bien que la perspective soit séduisante, il est impossible d’opérer un changement soudain ramenant l’inflation aux niveaux que nous avons observés il y a trois ans. Ces jours-là sont terminés, et malgré les signes prometteurs d’un retour à la normale, certaines des forces sous-jacentes qui ont poussé l’inflation à la hausse sont encore présentes et devraient persister.
Les organisations de tous types ont été contraintes de s’adapter à l’augmentation des coûts, y compris dans le secteur des fonds de dotation et des fondations. Les coûts d’exploitation, en particulier, ont augmenté pour ces organismes, exerçant une pression sur les marges et le financement nécessaire pour soutenir leurs missions. À cette pression s’ajoute la volatilité de la valeur des portefeuilles. De nombreux organismes ont un objectif de rendement lié à l’inflation +. Hors ceux-ci font face au défi de surpasser un objectif plus élevé en lien avec l’inflation.
Les bénéficiaires du support des fonds de dotation et des fondations souffrent également, étant confrontés aux mêmes difficultés concernant les coûts d’exploitation et, dans de nombreux cas, se retrouvant plus dépendants des sources de financement. Personne dans la chaîne de valeur n’est épargné. Dans un contexte d’incertitude persistante à l’égard de l’inflation, quelles mesures les investisseurs peuvent-ils utiliser pour améliorer leur rendement? Il existe une solution potentiellement très efficace qui est aussi celle que l’on néglige le plus souvent : la diversification.
La composition des portefeuilles d’un grand nombre de fonds de dotation et de fondations de plus petite taille demeure principalement axée sur les actions et les obligations Canadiennes. Même si cette stratégie a certainement donné de bons résultats pendant la majeure partie des dernières décennies, elle pourrait ne pas suffire pour résister aux vents contraires inflationnistes futurs.
La diversification géographique, en particulier pour les actions, est certes importante. Cependant, les placements dans des placements alternatifs (actifs réels, fonds de couverture et placements privés) devraient retenir l’attention des organismes qui ne recourent pas assez à ces catégories d’actifs. Par exemple, une stratégie fondée sur les actifs réels privés (p. ex., immobilier, infrastructure, énergie, terres forestières, terres agricoles) peut s’avérer avantageuse pour un portefeuille de deux façons. Premièrement, puisque ces actifs ne sont pas évalués quotidiennement, les effets à court terme d’une hausse surprise de l’inflation ne se répercuteront peut-être pas sur la valeur intrinsèque de cette portion du portefeuille de la même façon que sur les placements sur les marchés publics. Deuxièmement, les actifs réels privés sont souvent liés à des placements qui évoluent de concert avec l’inflation. Certains investissements immobiliers reposent sur des revenus provenant de loyers. Les propriétaires peuvent ainsi disposer de la latitude requise pour ajuster les loyers en fonction de la hausse des coûts et augmenter, du coup, les revenus et la valeur des propriétés. Cette stratégie de diversification offre aux investisseurs une certaine protection contre une hausse de l’inflation, tout en soutenant le rendement attendu du portefeuille à long terme.
Comment les fonds de dotation et les fondations peuvent-ils gérer les attentes liées à une diversification accrue de leur portefeuille?
Nous recommandons une vérification à l’aide de scénarios extrêmes et de simulations pour déterminer la valeur ajoutée potentielle, compte tenu en particulier de la conjoncture du marché. Une vérification à l’aide de scénarios extrêmes et de simulation permet de mieux quantifier l’incidence sur le portefeuille et, ce faisant, aider à l’établissement d’attentes avec les différentes parties prenantes. Si tout ne peut assurément être quantifié, il est possible de mieux comprendre comment le portefeuille devrait réagir dans différentes situations, y compris dans les meilleurs et les pires scénarios.
Nous suggérons également une revue des politiques de dépenses et la prise en considération de tout assouplissement permettant d’ajuster les dépenses. Certaines politiques prévoient l’application de règles plus strictes selon les valeurs marchandes de la période précédente, tandis que d’autres sont plus flexibles quant au montant possible des dépenses.
La hausse de l’inflation et les rendements subséquents des marchés au cours des dernières années ont influé sur les politiques de dépenses des fonds de dotation et des fondations, qui ont réduit les montants accordés aux organisations. Cela dit, certains organismes bénéficiant d’une plus grande latitude dans leurs dépenses ont, en fait, augmenté les montants accordés pendant cette période, estimant que maintenant est le moment où ils peuvent apporter le plus d'aide aux bénéficiaires dans le besoin.
Toutes les situations engendrent de l’incertitude, et les périodes d’inflation ne sont pas différentes à cet égard. Toutefois, les investisseurs ont la possibilité de protéger dans une certaine mesure les portefeuilles et de tenter d’atténuer les répercussions sur le rendement des placements et la mission des organisations. Pour cela, il faut commencer par établir un niveau de positionnement des portefeuilles et déterminer comment l’argent est distribué, facteurs qui ont tous deux une incidence sur la façon dont une organisation se positionne pour connaître du succès à long terme. La diversification établit les bases solides de défenses en garantissant l’inclusion, dans le portefeuille d’actifs qui peuvent faire bonne figure même dans les conditions les plus difficiles.