Les infrastructures - Une catégorie d’actif en évolution 

 

Intérêts composés – Quatrième numéro

Le 29 juillet 2024

Voici le quatrième numéro d’Intérêts composés, qui présente les perspectives de Mercer sur les marchés financiers, la gestion d’actifs et la manière dont vous pouvez tirer le meilleur parti de vos portefeuilles de placement. Dans ce numéro, nous examinons une catégorie d’actif que de nombreux investisseurs institutionnels canadiens connaissent probablement bien et qui fait aussi des vagues dans le monde entier : les infrastructures.

Plusieurs investisseurs canadiens seront probablement familiers avec les infrastructures, en particulier sur les marchés privés. Elles sont apparues en tant que catégorie d’actif au milieu des années 1990 et les investisseurs institutionnels canadiens ont été parmi les premiers à s’y intéresser. Depuis, les placements dans les infrastructures se sont généralisés et continuent de gagner en importance et en intérêt auprès des investisseurs institutionnels. Malgré un démarrage lent de la levée de capitaux sur les marchés privés en 2024, une récente enquête d’Infrastructure Investor indique que 40 % des investisseurs envisagent d’investir davantage au cours des 12 prochains mois comparativement aux 12 derniers mois1, alors qu’environ 90 % envisagent d’investir autant ou davantage.

Pour des investisseurs comme les caisses de retraite, dont l’horizon temporel est très long, et qui doivent verser des prestations de retraite à leurs membres des décennies plus tard, les infrastructures offrent une solide proposition de valeur : 

  • Valeur intrinsèque : Les infrastructures comme les aéroports, les routes à péage et les services publics ont une valeur intrinsèque, car elles sont nécessaires au fonctionnement de la société et exigent beaucoup de capitaux, servant ainsi de réserve de valeur. 

  • Faible corrélation avec les autres catégories d’actifs : La catégorie d’actif d’infrastructure a un moteur de rendement unique et constitue un facteur de diversification efficace au moyen de sa corrélation historiquement faible avec les marchés boursiers et obligataires.

  • Faible volatilité : Comme de nombreux investissements dans les infrastructures procurent des services essentiels, ils ont des caractéristiques monopolistiques et leurs revenus sont soutenus par la réglementation, les accords contractuels ou un fort pouvoir de tarification, les rendements sont souvent beaucoup moins volatiles que ceux d’autres catégories d’actif.

  • Protection contre l’inflation : De nombreux actifs d’infrastructure sont directement ou indirectement liés à l’inflation par l’intermédiaire de dispositions contractuelles, de cadres réglementaires ou d’un positionnement sur le marché qui leur permet de répercuter les augmentations de coûts sur les clients, ce qui fait en sorte d’offrir une protection potentielle contre l’inflation.
Cette proposition de valeur est mise en évidence à l’examen du rendement total de l’indice EDHEC Infra300, qui compare les rendements des infrastructures des marchés privés aux indices S&P 500 et MSCI Monde. 100 $ investis dans les infrastructures privées en 2004 vaudraient plus de 600 $ aujourd’hui, contre respectivement 574 $ et 433 $ investis dans le S&P 500 et le MSCI Monde avec une volatilité inférieure du rendement annuel et des baisses moins marquées2.
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Cette proposition de valeur, qui a résisté aux ralentissements économiques, à la COVID-19, à l’inflation élevée et à un contexte de hausse des taux d’intérêt, continue d’attirer des investisseurs à l’échelle mondiale. Mais la catégorie d’actif est en évolution. Les actifs d’infrastructure traditionnels comme les services publics voient leur proposition de valeur modifiée par l’évolution du portefeuille énergétique, les considérations liées aux facteurs ESG et les nouvelles formes d’investissement dans les infrastructures, y compris celles qui soutiennent les énergies alternatives et l’électrification des transports et les données, qui offrent de solides occasions de placement. L’évolution de cette catégorie d’actif n’est pas un thème entièrement nouveau - les énergies renouvelables étaient autrefois considérées comme un secteur naissant et sont aujourd’hui au cœur des portefeuilles d’infrastructures. L’évolution rapide des technologies et les grandes tendances mondiales comme la décarbonation et la numérisation constituent aujourd’hui les nouvelles occasions en matière de placement.

Bon nombre de ces nouveaux actifs d’infrastructure conservent une grande partie de la proposition de valeur des actifs plus établis : ils ont souvent une valeur intrinsèque et une plus faible corrélation aux marchés publics. Mais ils peuvent ne pas offrir toutes les caractéristiques spécifiques de l’infrastructure traditionnelle. Dans certains cas, les délimitations peuvent s’estomper relativement aux autres catégories d’actif comme le capital-investissement, l’immobilier ou même le capital-risque pour certaines technologies et certains modèles d’affaires émergents. Les investisseurs dans ces nouveaux segments de l’infrastructure peuvent obtenir des rendements plus élevés, mais ils prennent aussi de plus grands risques. Par exemple, les investisseurs dans les centres de données et de traitement infonuagique ont obtenu d’énormes rendements ces dernières années, car l’intelligence artificielle (IA) a fait exploser la demande en puissance informatique, alors que certains autres actifs d’infrastructure qui sont devenus communs ont connu de plus grands défis. C’est le cas par exemple des réseaux à large bande et des fournisseurs d’accès Internet, dont certains opèrent dans des environnements plus concurrentiels et ont été confrontés à la suroffre, à la hausse des taux d’intérêt et à l’inflation.

Chez Mercer, nous préconisons depuis longtemps de prendre un niveau de risque approprié pour créer de la valeur lorsque la capacité de le faire existe et que les besoins le justifient. Cela est vrai pour les fonds de dotation et les fondations, car l’un des plus grands risques auxquels ces institutions sont confrontées est de ne pas disposer d’une croissance de l’actif suffisante pour atteindre les objectifs de dépenses. Mais il peut en être de même pour les investisseurs ayant un horizon de placement long comme les régimes à prestations déterminées. 

Les investisseurs institutionnels canadiens ont été parmi les premiers à participer aux marchés privés des infrastructures et sont bien placés pour accéder aux nouvelles occasions du secteur. Le secteur privé des infrastructures peut offrir à la fois les rendements stables et absolus dont de nombreux investisseurs canadiens ont tiré parti au cours des deux dernières décennies et la possibilité de participer aux récentes innovations de la prochaine génération d’investissement. L’accès et la participation à cette gamme d’occasions de placement en évolution nécessitent une perspective différente et une compréhension approfondie de ses caractéristiques sous-jacentes. Les conseillers en placement de Mercer peuvent aider votre organisation à construire un portefeuille de placement en infrastructure diversifié. Nous pouvons vous appuyer dans votre prise de décisions en matière de placement en infrastructure, un secteur dynamique et en constante évolution en raison des politiques et des préférences des consommateurs, des avancées technologiques, de l’importance accordée aux facteurs ESG et des occasions émergentes qui se présentent pour le déploiement de capitaux. Pour obtenir des conseils, communiquez avec nous dès aujourd’hui.  

Les marchés financiers d’aujourd’hui

Alors que nous sommes à mi-chemin de 2024, l’économie mondiale présente des signes de modération. Après le « pivot » de la Réserve fédérale américaine à la fin de 2023, nous nous concentrons clairement sur les perspectives de croissance et d’inflation, les actions potentielles des banques centrales et les réactions du marché à ces facteurs pour le reste de l’année.

Sur le plan de la croissance, nos attentes d’une année 2024 marquée par la normalisation, ont dans une large mesure été satisfaites. Même si nous nous attendons à ce que l’affaiblissement de l’économie américaine se poursuive au fur et à mesure que les secteurs sensibles à la hausse des taux d’intérêt s’ajusteront, nous n’entrevoyons pas de récession. Cela est dû à une croissance continue des revenus favorisant la consommation et à un assouplissement des conditions financières qui profite aux entreprises.

Au Canada, la croissance du PIB au premier trimestre a été de 1,7 % (annualisé d’un trimestre sur l’autre), ce qui est inférieur aux attentes et aux projections d’avril de la Banque du Canada. La croissance de l’emploi est restée forte, mais elle n’a pas suivi le rythme de la croissance démographique, qui s’est établie en moyenne à environ 3 % au cours de la dernière année. Malgré le ralentissement du marché du travail, la croissance des salaires au Canada ne s’est pas encore normalisée et s’est même accélérée pour atteindre 5,4 % en juin. Nous sommes toujours d’avis que la croissance des salaires est un moteur fondamental de l’inflation et nous considérons le marché du travail comme la dernière pièce du casse-tête de l’inflation. Alors que l’inflation selon l’IPC a diminué pour s’établir à 2,7 % en juin, la hausse des coûts liés au logement demeure élevée et indique que la pénurie actuelle d’habitation pourrait continuer à exercer une pression sur l’inflation et influencer les discussions de politiques publiques pendant un certain temps.

Le cycle d’assouplissement des banques centrales des économies développées semble toutefois bien engagé, la Banque du Canada et la Banque centrale européenne (BCE) ayant déjà procédé à des baisses de taux. Cependant, l’incertitude persiste aux États-Unis, car le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, continue de souligner la dépendance envers les données, qui détermineront la cadence des futures baisses de taux. Nous continuons à penser que l’inflation aux États-Unis est sur une trajectoire descendante, ce qui pourrait inciter la Fed à amorcer la baisse des taux d’intérêt plus tard en 2024.

Alors que la modération caractérise les perspectives économiques globales, les marchés financiers ont vu les actions poursuivre leur remontée au cours du deuxième trimestre. Les marchés développés ont obtenu un rendement inférieur aux marchés émergents au chapitre des actions. Le marché américain, porté par l’optimisme lié à l’intelligence artificielle, les percées en soins de santé et les « sept magnifiques », a joué un rôle important dans le rendement des marchés développés. Cela a conduit les actions de croissance à afficher dans l’ensemble un rendement supérieur aux approches fondées sur la valeur.

Nous entamons le deuxième semestre de 2024 avec un sentiment d’optimisme à l’égard des marchés. Toutefois, nous restons prudents à l’égard des valorisations élevées, de l’augmentation de la dette publique dans un contexte de taux d’intérêt élevés et d’éventuels changements dans les politiques publiques. Dans les mois à venir, l’attention sera tournée vers l’évolution de la situation à Washington, tant au niveau de la Réserve fédérale que de la Maison-Blanche.

1 L’étude Infrastructure Investor’s LP Perspectives 2024 (février 2024).

2 Sources : Bloomberg et données EDHEC (2004-01-01 au 2023-12-31) ; analyse Mercer.

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