Pour assurer leur sécurité financière, les employés canadiens devront prendre des risques – Mercer
Canada, Montréal
Une nouvelle étude démontre que des frais de gestion de placement peu élevés, un taux d’épargne adéquat ainsi qu’une répartition d’actif non conservatrice sont primordiaux pour assurer la prise de retraite des Canadiens.
Avec la saison des REER à nos portes, les employés doivent prendre certaines des plus importantes décisions financières de l’année. Toutefois, selon le nouveau baromètre du degré de préparation à la retraite de Mercer, les employeurs canadiens devraient en faire davantage pour influencer ces décisions, et ce, afin d’assurer à leurs employés une sécurité financière en vue d’accéder à une retraite digne de ce nom.
Le baromètre, dont les constatations annuelles sont tirées des analyses de préparation à la retraite exclusives de Mercer pour déterminer l’âge de retraite prévu des millénariaux, de la génération X et des baby-boomers canadiens, indique que les employeurs canadiens doivent en faire plus pour accompagner leurs employés dans l'atteinte d’une plus grande sécurité financière.
Même si la préparation à la retraite varie d’une génération à l’autre, les données du baromètre sont sans équivoque : les Canadiens doivent commencer à adopter une approche moins conservatrice en matière de placement, optimiser leur participation et accéder plus facilement à la possibilité d’épargner sur une base personnelle en milieu de travail.
Autrement, ils courent le risque de se priver de sommes importantes et d’être forcés de remettre leur retraite à plus tard, voire indéfiniment.
« La main-d’œuvre canadienne est plus diversifiée que jamais – et les différentes générations ont des besoins différents », affirme Jillian Kennedy, membre du partenariat et responsable des régimes à cotisations déterminées et du mieux-être financier pour Mercer au Canada. « Le baromètre du degré de préparation à la retraite de Mercer aidera les employeurs à évaluer le degré de préparation à la retraite de leurs employés et à acquérir une meilleure compréhension de leur situation financière. »
Les priorités
Les régimes à cotisations déterminées constituent une source de sécurité à la retraite indispensable pour les Canadiens de tous âges. Mais sans un niveau de risque et une répartition d’actif appropriés, les Canadiens auront du mal à générer la croissance nécessaire pour faire fructifier leurs avoirs et financer une retraite confortable.
Nos données exclusives indiquent que les Canadiens vivent un trilemme en ce qui a trait à leur retraite : ils cherchent à la fois à faire croître leur épargne, à y avoir accès à tout moment, et ce, tout en ayant la certitude de disposer d’un revenu suffisant pour prendre leur retraite.
Mais ces objectifs ne peuvent pas tous être comblés conjointement. Et comme de nombreux Canadiens sont mal renseignés ou ne disposent pas d’incitatifs engageants, ils n’économisent pas suffisamment ou investissent de façon trop conservatrice, ce qui peut se traduire par une retraite plus tardive.
Si l’on veut s’assurer du mieux-être financier de la main-d’œuvre canadienne et d’un départ à la retraite à l’âge souhaité, il faut en faire davantage pour non seulement inciter les employés à épargner, mais aussi à investir dans les marchés. Pour mesurer le degré de préparation à la retraite des travailleurs canadiens, Mercer a développé trois profils types – des prototypes qui présentent des caractéristiques représentatives des travailleurs canadiens, de leur comportement à titre d’épargnants, de leurs revenus et de leur niveau d’épargne – et a évalué ce que les employeurs peuvent faire pour mieux les préparer à la retraite.
Les millénariaux prendront-ils leur retraite?
Les millénariaux viennent à peine d’entamer leur carrière – et nos analyses démontrent déjà qu’ils n’épargnent pas à un niveau adéquat. L’atteinte d’un niveau de croissance convenable est absolument essentielle.
Nous estimons qu'une personne issue de la génération des millénariaux au Canada – âgée de 28 ans, qui touche actuellement un revenu annuel de 45 000 $ et cotise un taux (cotisations de l’employeur et de l’employé) total de 6 % à un régime de retraite offert par son employeur sera prête à prendre sa retraite à 70 ans. Ce résultat repose sur une hypothèse de placement à court terme. En effet, de nombreux millénariaux investissent leur épargne selon une approche conservatrice, dans des placements à court terme qui présentent peu de risque et par conséquent peu de potentiel de rendement, comme un fonds du marché monétaire. Ce constat est particulièrement vrai s’ils ne sont pas certains de demeurer longtemps au service de leur employeur actuel.
En revanche, lorsque cette même personne adopte une perspective à plus long terme optimisant le contenu en actions de son portefeuille, elle est en mesure de gagner trois ans et de prendre sa retraite à 67 ans. Il s’agit du simple résultat d’une prise de décision de placement plus judicieuse.
Il est tout aussi crucial pour un millénarial de s’attarder au niveau d’épargne. Le baromètre indique qu’une cotisation (de l’employeur et de l’employé) annuelle totale de moins de 6 % est insuffisante pour qu’un millénarial envisage de prendre sa retraite un jour.
De plus, afin d’être en mesure de prendre sa retraite à l’âge normal de 65 ans, notre profil type millénarial devrait cotiser à raison d’un taux d’épargne combiné de 10 % dès aujourd’hui;un objectif irréaliste pour de nombreux millénariaux qui ont d’autres priorités financières plus urgentes comme rembourser leurs dettes, gérer leur prêt étudiant ou l’achat d’une première maison.
Les boomers sont-ils réellement si privilégiés?
Parvenus presque au terme de leur carrière, les baby-boomers ont bénéficié de plusieurs coups de chance. Nous estimons qu'une personne issue de la génération des baby-boomers au Canada – âgée de 60 ans, qui touche actuellement un revenu de 100 000 $ et cotise un taux combiné (cotisations de l’employeur et de l’employé) de 10 % à 12 % au régime de son employeur – sera prête à prendre sa retraite entre 65 et 69 ans.
Cependant, cette estimation ne s’applique pas à tous les boomers. Certains, à qui la chance n’a pas souri, font face à quelques difficultés.
Contrairement aux générations X et Y (millénariaux), les baby-boomers ont en général bénéficié de régimes de retraite à prestations déterminées à l’époque où les entreprises géraient les placements et les cotisations. Toutefois, la fermeture des régimes à prestations déterminées au profit de régimes à cotisations déterminées impose un véritable changement de comportement envers l’épargne-retraite et ils ont été nombreux à ne pas s’adapter.
De plus, les changements instaurés par les employeurs pour inciter les épargnants à avoir recours à des instruments de placement moins conservateurs, comme les fonds à date cible, arrivent sans doute trop tard pour bon nombre de personnes de cette génération. En effet, les fonds à date cible ont fait leur apparition à titre d’options par défaut en 2010. Un millénarial bénéficiera d’un tel avantage tout au long de sa carrière, alors que n’est pas le cas pour un baby-boomer.
Et même si la génération des baby-boomers a eu la chance d’être encouragée par les employeurs à investir adéquatement et à épargner suffisamment, plusieurs ne parviennent pas à prendre leur retraite à 65 ans. Par conséquent, le temps est peut-être venu de revoir l’âge « normal » de la retraite.
Génération X – Est-il trop tard?
Nous estimons qu'une personne issue de la génération X au Canada – âgée de 45 ans en moyenne, qui touche actuellement un revenu moyen de 70 000 $ et verse une cotisation combinée (de l’employeur et de l’employé) de 10 % à un régime de retraite – sera prête à prendre sa retraite à 68 ans.
Alors que 20 ans les séparent d’une retraite à l’âge normal, il serait raisonnable de penser qu’une augmentation de leur taux de cotisation suffira à l’atteinte de leur objectif. Cependant, il sera difficile pour une personne de la génération X de prendre sa retraite à 65 ans si elle ne compte que sur un taux d’épargne accru.
Notre outil indique que si notre profil type de la génération X augmente son taux d’épargne de 3 % par année pour le reste de son parcours professionnel, il ne gagnera qu’un an de préparation à la retraite, ce qui veut dire qu’il pourra prendre sa retraite à 67 ans. Pour réussir à prendre sa retraite à 65 ans, il doit immédiatement hausser son taux de cotisation combinée de 7 % pour cotiser annuellement 17 % et maintenir ce taux pour le restant de sa carrière.
Les employeurs doivent prendre action
Ces profils types reposent sur des données réelles tirées de notre base de données exclusives – ils sont représentatifs de votre main-d’œuvre. Quelles conclusions nous permettent-elles de tirer? Malgré l’importance d’épargner davantage, il faut avoir recours à différents leviers pour accroître le niveau de préparation à la retraite.
Le succès à cet égard est réalisable par l’entremise d’approches novatrices qui sortent du cadre conventionnel et qui évoluent au rythme des générations. Voici quelques exemples de mesures qui promeuvent l’atteinte d’une liberté financière : les employeurs pourraient, tout en continuant de verser leurs cotisations de retraite, permettre aux employés d’accéder à leurs cotisations afin de rembourser leurs dettes. Ils pourraient également faciliter l’épargne personnelle à même le régime d’employeur et offrir un service de conseils pour préparer les employés dont la retraite approche.
Mais d’autres mesures doivent aussi être prises pour réduire les écarts observés dans le système de retraite. À l’heure actuelle, seuls les Canadiens qui disposent d’un régime d’employeur ont accès à certains instruments de placement offerts à des frais peu élevés. Et lorsque ceux-ci n’y ont plus accès, que ce soit pendant un congé de maternité ou lors d’un changement d’emploi, les frais augmentent significativement, ce qui peut retarder malgré eux leur départ à la retraite. Mercer Épargne Futée vise justement à diminuer cet écart, en permettant aux investisseurs individuels d’accéder à des placements de calibre institutionnel. Par contre, cet enjeu n’est qu’une partie de la solution à un problème systémique.
« Bien que la situation de chaque personne diffère, nos données indiquent que les employés doivent combiner croissance accrue de l’actif et épargne hâtive afin d’atteindre la sécurité financière », conclut Mme Kennedy.
Au sujet du baromètre du degré de préparation à la retraite de Mercer
Le baromètre du degré de préparation à la retraite de Mercer évalue l’âge auquel trois profils différents (représentant les millénariaux, la génération X et les baby-boomers) peuvent bénéficier d’une retraite confortable grâce à leur participation à un régime d’accumulation tel un régime CD et à des prestations offertes par les gouvernements (RPC/RRQ/SV).
Hypothèses :
Les trois profils versent annuellement le même taux de cotisation au cours de leur carrière. À la retraite, leur revenu proviendra du régime d’accumulation de leur employeur et de programmes gouvernementaux tels que le programme de la Sécurité de la vieillesse, le Régime de pensions du Canada ou le Régime des rentes du Québec. L’âge auquel les profils types sont prêts à prendre leur retraite correspond à l’âge auquel ils atteignent un taux de remplacement de revenu de 70 %.
Sauf indication contraire, les hypothèses suivantes ont été utilisées pour calculer les rendements obtenus par chaque investisseur :
- répartition de l’actif avant l’année 2000 : 100 % placés dans des placements à revenu fixe;
- répartition de l’actif entre 2000 et 2010 : actif placé dans un portefeuille équilibré (60 % dans des actions/40 % dans des placements à revenu fixe);
- répartition de l’actif après 2010 : actif réparti dans des fonds à date cible selon la trajectoire des fonds à date cible de MEF, en utilisant des rendements indiciels réels avant 2019 et les hypothèses Mercer relatives aux marchés financiers applicables à compter de 2020.
Le solde du régime d’accumulation de capital sert à souscrire une rente à la retraite. L’estimation du coût des rentes s’appuie sur le matériel d’orientation de l’ICA sur les blocs de contrats types de durée moyenne. Les résultats varieront.
Le taux d’épargne total de 10 % utilisé comme base de cette analyse est établi selon des renseignements provenant de la base de données exclusive sur les régimes CD de Mercer, qui contient des données provenant de plus 400 régimes offerts dans un vaste éventail de secteurs d’activité.