Les régimes PD se portent encore mieux à la fin du T2 : Mercer  

Montréal, le 4 juillet 2023

Au deuxième trimestre de 2023, le rendement positif des actifs et la hausse des taux obligataires ont contribué à l’amélioration continue de la situation financière de la plupart des régimes de retraite à prestations déterminées (PD) du Canada. 

L’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite, qui mesure le degré de solvabilité médian des régimes de retraite PD figurant dans la base de données des régimes de retraite de Mercer, est passé de 116 % à la fin du premier trimestre de 2023 à 119 % au 30 juin 2023. Cette hausse s’est produite malgré les craintes entourant le plafond de la dette aux États-Unis et les effets persistants des crises bancaires.  

Pendant le trimestre, les placements des régimes de retraite ont inscrit des rendements généralement positifs. Jumelée à la hausse des taux obligataires (qui réduit les passifs des régimes de retraite PD), cette situation a permis à la situation financière de la plupart des régimes de retraite PD de progresser. 

À la fin du deuxième trimestre, on estime que 85 % des régimes dans la base de données des régimes de retraite de Mercer présentent un excédent d’actif selon l’approche de solvabilité (contre 83 % à la fin du T1). On estime également que 8 % des régimes montrent un degré de solvabilité entre 90 % et 100 % (contre 9 % à la fin du T1), que 3 % des régimes obtiennent un degré de solvabilité entre 80 % et 90 % (contre 4 % à la fin du T1) et que 4 % des régimes obtiennent un degré de solvabilité inférieur à 80 % (même pourcentage qu’à la fin du T1).  

« La position des régimes PD continue de tirer parti des taux d’intérêt élevés, et bon nombre de régimes affichent actuellement un excédent d’actif », a déclaré F. Hubert Tremblay, membre du partenariat, Mercer Canada. Les promoteurs doivent maintenant décider de la façon optimale de gérer, voire de cristalliser, cet excédent pour ne pas revivre la sombre époque des régimes nettement déficitaires. » 

Si les conditions de marché ont été favorables aux régimes de retraite PD, de nombreux risques subsistent. La forte inflation est toujours supérieure au taux cible des banques centrales en dépit des mesures énergiques entreprises par la majorité des banques centrales du monde. Au Canada, après avoir suspendu le cycle de relèvement de son taux directeur en janvier 2023, la Banque du Canada a procédé à une nouvelle hausse en juin 2023. Ce taux, qui n’était que de 0,25 % en janvier 2022 s’établit désormais à 4,75 % en date de juin 2023. D’autres hausses seront-elles nécessaires si la Banque du Canada continue de croire (ou que ses données indiquent) que l’inflation restera élevée? Ou est-ce que le récent fléchissement de l’inflation justifiera une autre pause? 

Il reste aussi à voir comment ces hausses de taux affecteront les plans d’investissement et de dépenses des États, des entreprises et des ménages, ainsi que leur capacité respective à rembourser les dettes accumulées au fil des ans. Certaines organisations ont déjà annoncé leur intention de réduire leurs effectifs et de nombreux ménages peinent à gérer l’effet de la vive inflation sur leurs dépenses personnelles et l’incidence des taux d’intérêt plus élevés sur leurs paiements hypothécaires. Ces facteurs pourraient tous provoquer un ralentissement des dépenses et des investissements. Est-ce que cela suffira à réduire l’inflation? En outre, les programmes de dépenses du gouvernement fédéral, dévoilés lors du budget de 2023, sont-ils incompatibles avec la volonté de la Banque du Canada de réduire l’inflation? Cette dernière devra-t-elle relever ses taux d’intérêt et maintenir ses mesures de resserrement quantitatif plus longtemps qu’elle ne le ferait autrement? 

Est-ce qu’une récession se profile à l’horizon? Par ailleurs, il est possible que les mesures de contrôle de l’inflation prises par les banques centrales ratent leur cible, ce qui donnerait un coup de frein additionnel à l’économie mondiale et augmenterait le risque d’une récession mondiale brutale. Nombreux observateurs du marché voient déjà une récession se dessiner, même si sa gravité et sa durée ne font pas consensus.  

Les marchés mondiaux ont poussé un soupir de soulagement collectif lorsque le gouvernement américain a relevé le plafond de sa dette. Cependant, la polarisation politique aux États-Unis va probablement continuer à s’aggraver, en particulier avec le début du cycle de l’élection présidentielle de 2024. Connaîtrons-nous bientôt une nouvelle impasse, qui ajoutera à l’incertitude mondiale?

Il faut aussi ajouter à cela les tensions géopolitiques persistantes entre les États-Unis et la Chine, la guerre en Ukraine et la multiplication des appels en faveur du découplage des chaînes d’approvisionnement mondiales (au profit de la délocalisation dans des pays alliés). L’économie mondiale se trouve donc à un point d’équilibre précaire et pourrait facilement basculer dans une récession. 

En ce qui concerne les régimes de retraite PD affichant un excédent d’actif, les promoteurs ne doivent pas seulement réfléchir à la façon optimale d’utiliser ce surplus, mais aussi au meilleur moyen de le protéger contre une éventuelle récession. Ils devraient être en train d’évaluer les conséquences de différentes conditions de marché sur l’excédent d’actif, la situation financière des régimes et leurs activités. Résisteraient-ils à un événement défavorable comme la baisse des marchés de mars 2020, au début de la pandémie de COVID-19? Et quelles seraient les conséquences d’un tel événement défavorable sur leur régime de retraite et leur organisation? Les promoteurs doivent donc réexaminer leur tolérance et leur exposition au risque ainsi que leurs processus de gouvernance, et apporter les ajustements requis pour bien se préparer à affronter l’avenir, quel qu’il soit.    

« Malgré le redressement de la situation financière de la plupart des régimes de retraite PD, la vigilance reste de mise en raison du degré d’incertitude toujours présent, a conclu M. Tremblay. Les promoteurs de régimes doivent comprendre les risques, être en mesure d’assumer les risques qu’ils prennent, et couvrir ou transférer ceux dont ils souhaitent se départir. » 

Du point de vue des placements 

Un portefeuille équilibré type d’un régime de retraite aurait produit un rendement positif de 2,1 % au cours du deuxième trimestre de 2023. L’économie mondiale a fait preuve de résilience, portée par la demande des consommateurs, la normalisation des chaînes d’approvisionnement et les faibles prix de l’énergie. Toutefois, la forte inflation de base est demeurée un obstacle, et les banques centrales du monde ont maintenu leurs politiques monétaires restrictives.

Les marchés boursiers mondiaux ont progressé pendant la majeure partie du trimestre, mais les rendements ont varié d’une région à l’autre. L’inflation globale a fait du sur-place depuis la fin de mars, ce qui a obligé les banques centrales à relever davantage les principaux taux d’intérêt partout dans le monde.

La résilience de l’économie américaine, soutenue par la vigueur du marché du travail, a permis aux actifs à risque de générer un rendement supérieur malgré l’instabilité des banques régionales et l’incertitude quant à la question du plafond de la dette. La zone EAEO a enregistré un rendement positif sous l’effet de données économiques stables cadrant avec la perspective d’un atterrissage en douceur, mais le rendement en dollars canadiens a subi l’effet défavorable de la devise. Les marchés émergents ont terminé le trimestre en territoire négatif du fait de l’instabilité géopolitique, de la faible croissance en Chine et de la fluctuation des devises. Les rendements obligataires ont été négatifs dans l’ensemble, compte tenu de la hausse des taux et du léger élargissement des écarts de crédit aux États-Unis. Les produits de base (au sens large) ont aussi généré des rendements négatifs, notamment en raison des cours pétroliers. En effet, ces derniers ont reculé malgré la baisse de production annoncée par l’OPEP et les achats du département de l’Énergie des États-Unis dans le but de renflouer sa réserve stratégique de pétrole. Les fonds de placement immobilier (FPI) ont également inscrit des rendements négatifs, les taux élevés ayant nui aux valorisations. Du point de vue du style, les titres de croissance ont nettement devancé les titres de valeur en dépit des taux de rendement en hausse, l’optimisme généré par les avancées de l’intelligence artificielle ayant donné de l’élan aux actions de croissance. 

Au cours du trimestre, les actions canadiennes ont dégagé un rendement inférieur à celui de ses homologues mondiaux. Le secteur des matériaux est celui qui a accusé la plus forte baisse en raison de l’importante chute des prix des produits de base, tandis que c’est du côté des technologies de l’information que les gains ont été les plus marqués, les investisseurs ayant cherché à tirer profit du récent engouement pour l’intelligence artificielle. Du côté de l’immobilier, les volumes sont restés faibles, ce qui a placé le marché en mode « détermination des prix » et créé des écarts de prix entre acheteurs et vendeurs. Les acheteurs privés, plus particulièrement ceux qui sont moins tributaires de l’effet de levier, représentent la majorité du volume des opérations, suivis des gestionnaires de fonds et des FPI. Le taux d’inoccupation dans le secteur industriel a légèrement augmenté pour la première fois depuis quelque temps, à mesure qu’un nombre record de projets à caractère industriels ont été achevés. Malgré le ralentissement de la croissance des activités de location, ces dernières demeurent largement avantageuses pour les propriétaires fonciers. 

Les cours des obligations canadiennes ont évolué de façon inégale au cours du trimestre, tandis que le rendement de la semaine dernière a propulsé de nombreux indices en territoire positif. Les taux obligataires ont augmenté en mai, puis de nouveau en juin. Bien que les taux à court terme aient augmenté de façon importante, les taux à long terme sont restés relativement inchangés. Le rendement des obligations à long terme s’est avéré supérieur à celui des obligations universelles au cours de la période, tandis que les taux à moyen terme sont restés inférieurs aux taux à court et à long terme. L’appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain et à l’euro a réduit le rendement des actions détenues par les investisseurs canadiens exposés aux fluctuations des devises. 

« Les actions américaines se sont redressées depuis le début de 2023 sous l’impulsion des technologies de l’information et de la consommation discrétionnaire. La concentration des marchés frôle un sommet historique. Lorsque la valeur de quelques actions et leur pondération au sein de l’indice augmentent, les investisseurs peuvent être récompensés par des rendements supérieurs. Cependant, tant des épisodes de tension sur le marché que des éléments ponctuels peuvent renverser la tendance et entraîner des pertes plus lourdes. Les investisseurs doivent faire preuve de prudence et comprendre les risques auxquels ils sont exposés lorsqu’ils investissent dans les grands indices boursiers. L’important est de maintenir une approche disciplinée et de rééquilibrer régulièrement le volet indiciel du portefeuille en fonction des fourchettes stratégiques », souligne Jean-Pierre Talon, membre du partenariat, Mercer Canada. 

La Banque du Canada a interrompu son cycle de hausses des taux d’intérêt au début du trimestre. En juin, cependant, l’institution a reconnu la nécessité de resserrer davantage sa politique financière pour ramener l’inflation plus près de sa cible et a relevé les taux de 25 points de base. En revanche, la Réserve fédérale américaine a augmenté son taux cible de 25 points de base en mai, avant d’annoncer une pause en juin en raison du recul notable de l’inflation selon les plus récentes données. En juin, la Banque d’Angleterre a pris les investisseurs par surprise en augmentant son taux de 50 points de base (alors qu’on s’attendait à une hausse de 25 points de base), étant donné la persistance de l’inflation et la croissance des salaires au pays. 

Indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite 

L’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite suit le degré de solvabilité médian des régimes de retraite qui figurent dans la base de données des régimes de retraite de Mercer, soit une base de données qui comprend des renseignements financiers, démographiques et autres sur les régimes de retraite des clients de Mercer au Canada. La base de données contient des renseignements sur près de 500 régimes de retraite au Canada, dans tous les secteurs d’activité, notamment les secteurs public, privé et celui des organismes sans but lucratif. Les renseignements sur chaque régime de retraite figurant dans la base de données sont mis à jour chaque fois qu’une nouvelle évaluation actuarielle de la capitalisation est effectuée au titre du régime.  

Des prévisions de la situation financière de chaque régime sont établies en fonction de sa plus récente date d’évaluation, ce qui reflète l’accumulation estimative des prestations par les participants actifs, les paiements estimatifs de prestations aux retraités et aux bénéficiaires, une provision pour intérêts, une estimation de l’incidence des changements de taux d’intérêt, des estimations des cotisations de l’employeur et de l’employé (le cas échéant) et des rendements prévus des placements en fonction de la composition des placements visée, en présumant que la composition cible pour chaque régime demeure la même au cours de la période de projection. Les rendements des placements utilisés dans les projections sont fondés sur les rendements indiciels des catégories d’actif spécifiées comme catégories d’actif cibles des régimes individuels (ou qui s’en rapprochent étroitement).   

À propos de Mercer

Mercer, une société de Marsh McLennan (NYSE : MMC), est un chef de file mondial qui aide ses clients à atteindre leurs objectifs d’investissement, à façonner l’avenir du travail et à améliorer la santé et la retraite de leurs employés. Marsh McLennan est un chef de file mondial en services professionnels dans les domaines du risque, de la stratégie et du capital humain, et conseille des clients dans 130 pays dans quatre entreprises : MarshGuy CarpenterMercer et Oliver Wyman. Avec des revenus annuels de 23 milliards de dollars et plus de 85 000 collègues, Marsh McLennan aide à bâtir la confiance pour prospérer grâce au pouvoir de la perspective. Pour en savoir plus, visitez mercer.com ou suivez nous sur LinkedIn et X.

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