CCN Métallurgie : protection sociale et classification
Tout savoir sur le déploiement du nouveau dispositif conventionnel de la Métallurgie
Retrouvez ci-dessous la retranscription du podcast
Nous vous proposons aujourd’hui de décrypter ensemble un sujet d’actualité très fort pour le secteur de la Métallurgie.
Il concerne le déploiement de la nouvelle convention collective qui sera effective à partir du 1er Janvier 2024.
Pour en parler, nous recevons aujourd’hui Charles-Antoine Roger, Directeur des activités de Conseil et de Transformation chez Mercer en France
Bonjour Charles-Antoine,
Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux nous rappeler le contexte ?
[Charles-Antoine] :
A compter du 1er janvier 2024, et après six ans de négociation, la métallurgie se dotera d'une convention collective unique couvrant environ 1,5 million de salariés, de la sidérurgie à l'aéronautique en passant par les télécommunications ou l’industrie automobile.
Celle-ci viendra remplacer les 76 conventions territoriales et 2 conventions nationales actuelles, dont certaines dataient des années soixante-dix, et un cadre qui n’était plus adapté aux réalités de l’industrie d’aujourd’hui.
Alors concrètement qu’est ce qui va changer pour les entreprises et les salariés de la métallurgie avec cette nouvelle convention collective ?
[Charles-Antoine] : L’objectif de cette nouvelle convention c’est d’unifier, de simplifier et de moderniser les différents accords sous une seule et unique convention nationale.
Concrètement, pour les entreprises et les salariés du secteur, cela aura un impact notamment sur les relations sociales et les accords collectifs, la rémunération, la qualité de vie au travail, la protection sociale, le temps de travail et la formation professionnelle, mais une des innovations majeures de cette nouvelle convention est le nouveau système de classification des emplois.
L’importance du secteur en France, la durée des négociations, la signature par trois syndicats de la branche représentatifs de plus de 70% des salariés, ainsi que le vaste spectre des thématiques couvertes, en font un évènement majeur pour les relations sociales en France.
Le déploiement de cette nouvelle convention semble effectivement être un chantier colossal pour les entreprises. Quels sont les enjeux et les thématiques prioritaires à adresser auxquels les entreprises vont devoir s’atteler très vite et de façon organisée ?
[Charles-Antoine] : Effectivement, certaines entreprises avec lesquelles j’ai pu échanger ces dernières semaines ont d’ores et déjà articulé jusqu’à 6 chantiers.
Une des thématiques prioritaires est la protection sociale, avec l’instauration d’un socle minimum en santé et prévoyance comprenant un financement minimum ainsi que des garanties plancher, et qui plus est une date de mise en place prévue au 1er janvier 2023, soit un an avant les autres dispositions.
Un des points majeurs en la matière sera la prévoyance pour les non cadres. En effet, selon nos analyses, un tiers des conventions territoriales actuelles ne prévoient ni obligation de cotisation ni obligation de garanties.
Et au global, ce sont plus de 90% des conventions qui ne prévoient pas de garanties incapacité pour les non-cadres par exemple. Une revue des régimes s’imposera, et pourra amener à réécrire les régimes, avec une augmentation potentielle des cotisations à la clé.
Et qu’en est-il du nouveau système de classification des emplois, en quoi cela consiste concrètement ?
[Charles-Antoine] : Une classification, c’est un système qui permet d’évaluer, de classer et donc de hiérarchiser les emplois les uns par rapport aux autres. Cela sert à structurer l’organisation, à définir les parcours de carrières, et à servir de repère pour la rémunération. Dans le cas de la convention collective qui nous intéresse aujourd’hui, cela sert aussi de base de référence pour les minimaux conventionnels.
Le nouveau système est basé sur six critères :
1. la complexité de l’activité,
2. les connaissances,
3. l’autonomie,
4. la contribution,
5. l’encadrement/coopération,
6. et enfin la communication.
Ce système s’avère être beaucoup plus simple, moderne, transparent et équitable que l’ancien.
Alors, où sont les difficultés et quelles sont tes recommandations pour les employeurs ?
[Charles-Antoine] : Il faut d’abord définir en amont une stratégie de déploiement, une gouvernance et surtout s’approprier les concepts et définitions décrits dans la convention. Par exemple : que signifie tel ou tel critère dans le contexte de l’entreprise ?
Ensuite, il faut définir les emplois à évaluer, et les cartographier. Certaines entreprises n’ont pas nécessairement une cartographie à jour sur toutes leurs familles d’emplois, avec le maillage pertinent pour l’exercice de classification. Compléter cette étape peut prendre beaucoup de temps.
L’étape suivante est bien sûr d’évaluer les emplois. Cet exercice peut demander des allers retours notamment pour la cohérence entre différentes entités du groupe
Enfin la communication vis-à-vis des RH, des managers mais aussi des partenaires sociaux est une étape qu’il faut préparer et dérouler avec soin.
Certaines entreprises ont un système de classification propre à leur groupe, qui pourra certes faciliter le déploiement de ce nouveau référentiel, mais ne pourra s’y substituer.
Quelques mots pour conclure ?
[Charles-Antoine] : Beaucoup d’entreprises industrielles ont des enjeux d’attractivité, de rétention, d’harmonisation, voire d’équité femme homme. Cette nouvelle convention est une excellente opportunité de les adresser, et de construire un nouveau modèle du travail, aussi performant économiquement que socialement.
Enfin, il est primordial de garder une vision globale des enjeux sociaux et financiers, directs ou indirects, comme par exemple l’impact des nouveaux grades sur la masse salariale ou l’adaptation des systèmes d’information à cette nouvelle classification.
Charles-Antoine, un grand merci, d’avoir décrypté aujourd’hui avec nous les enjeux de déploiement de cette nouvelle convention collective de la Métallurgie.
Si vous avez une question et souhaitez contacter Charles-Antoine, veuillez remplir le formulaire ci-dessous !
A très bientôt